Salaire ou dividendes pour un dirigeant : comment arbitrer ? Mon retour d’expérience d’avocate en droit des sociétés
Juridique

Salaire ou dividendes pour un dirigeant : comment arbitrer ? Mon retour d’expérience d’avocate en droit des sociétés

05 décembre 2025
Marion SOURD

La répartition optimale entre salaire et dividendes dépend du statut social du dirigeant et de ses objectifs, et nécessite une analyse juridique et fiscale approfondie. Une approche personnalisée permet d’éviter les mauvaises décisions fondées sur des idées reçues et d’optimiser durablement la rémunération.

La question revient systématiquement en rendez-vous : faut-il privilégier un salaire ou des dividendes pour se rémunérer en tant que dirigeant ? Peut-on cumuler les deux ? Quel est le coût social réel de chaque option et quelle fiscalité s’applique concrètement ?

Pour un dirigeant de start-up, un fondateur ou un gérant de PME, cet arbitrage influence directement la trésorerie, la protection sociale et la stratégie globale de rémunération. J’accompagne quotidiennement des dirigeants sur ces problématiques, et j’observe souvent des décisions envisagées sur la base d’idées reçues ou de recherches rapides en ligne.

Récemment, l’un de mes clients, fondateur d’une SAS en forte croissance qu’il avait constituée avec son associé, m’a appelée pour me dire qu’il souhaitait transformer sa société en SARL. Son objectif était simple : passer sous le statut TNS, car il pensait que ce serait moins coûteux en charges. Après un entretien approfondi, durant lequel je lui ai exposé les avantages, inconvénients et implications concrètes de chaque statut, il a finalement décidé de conserver la SAS. Ce qu’il recherchait n’était pas un changement de forme sociale, mais une vision claire et fiable pour prendre une décision structurante. L’éclairage personnalisé a suffi à lever les idées reçues et à sécuriser sa stratégie.

C’est précisément l’objectif de cet article : offrir un cadre clair et pratique pour comprendre les enjeux de votre rémunération et faire un choix éclairé.

Salaire ou dividendes : les notions essentielles

La structure de rémunération d’un dirigeant dépend de deux paramètres.

  • Le statut social : assimilé salarié (TS) ou travailleur non salarié (TNS).
  • La détention capitalistique : majoritaire, minoritaire ou égalitaire.

Dans une SARL

  • Le gérant minoritaire ou égalitaire est assimilé salarié.
  • Le gérant majoritaire est TNS.

Dans une SAS ou une SASU

  • Président, directeur général et dirigeants statutaires sont assimilés salariés, quelle que soit leur participation au capital.

Dirigeant assimilé salarié (SAS, président, gérant minoritaire)

Rémunération par salaire

– Fiche de paie obligatoire.

– Charges sociales d’environ 50 % du salaire brut.

– Bonne protection sociale : retraite, prévoyance, santé.

– Absence de couverture chômage.

– Imposition en traitements et salaires.

Avantage : protection sociale solide.

Inconvénient : coût élevé pour la société.

Dividendes

Les dividendes sont taxés à la flat tax de 30 % :

– 12,8 % d’impôt sur le revenu

– 17,2 % de prélèvements sociaux

Ils n’entraînent aucune cotisation sociale supplémentaire.

Dirigeant TNS (gérant majoritaire de SARL, entrepreneur individuel)

Rémunération

– Pas de fiche de paie.

– Cotisations sociales appelées en N+1, offrant un léger effet de trésorerie initial.

– Imposition en BIC ou BNC selon l’activité.

Avantage : coût global généralement plus faible.

Vigilance : protection sociale plus limitée.

Dividendes

– Flat tax à 30 %.

– Les dividendes excédant 10 % du capital, des primes et du compte courant d’associé sont soumis aux cotisations sociales TNS.

Salaire ou dividendes : quels enjeux pour le dirigeant

Protection sociale

La SAS offre une meilleure couverture mais à un coût supérieur.

Le TNS présente des cotisations plus faibles mais une protection moindre.

Trésorerie

Le salaire impacte immédiatement la société.

Les dividendes ne peuvent être distribués qu’en présence de bénéfices distribuables.

Fiscalité personnelle

Le salaire est soumis au barème progressif de l’impôt sur le revenu.

Les dividendes bénéficient de la flat tax, parfois plus avantageuse selon les situations.

Gouvernance et levée de fonds

La SAS demeure la structure privilégiée en lancement d'activité, mais ce n'est pas forcément la bonne solution, faites-vous conseiller !

Une rémunération fixe du président rassure les investisseurs.

Les dividendes interviennent uniquement lorsque la société est rentable.

Ce que j’observe en pratique

Beaucoup de dirigeants pensent spontanément que le statut TNS est toujours plus avantageux ou que la SAS impose des charges excessives. En réalité, chaque situation nécessite une analyse fine de la stratégie, du niveau de rémunération souhaité, du calendrier de levée de fonds et des objectifs personnels du dirigeant.

Dans le cas du client souhaitant passer en SARL, son objectif était de réduire l’imposition de sa rémunération en tant que dirigeant. Mais cette transformation aurait en réalité alourdi de manière significative son niveau de cotisations sociales, car il privilégie une rémunération principalement sous forme de dividendes. Après une analyse détaillée et la validation du schéma en collaboration avec son expert-comptable, nous avons conclu qu’il était préférable de rester en SAS.

C’est exactement ce que permet un accompagnement juridique : éviter des changements structurants basés sur des idées reçues et sécuriser l’ensemble de la stratégie dirigeant.

Conclusion : privilégier une analyse sur mesure

Le choix entre salaire et dividendes ne peut être standardisé. Il dépend du statut social, de la forme sociale, des objectifs personnels, de la stratégie de développement et des perspectives financières de la société. Une analyse personnalisée permet d’optimiser la rémunération, de sécuriser les options envisagées et d’aligner fiscalité, protection sociale et stratégie d’entreprise.

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